Bruxisme nocturne : comprendre, diagnostiquer et traiter
Parfois, ce sont de simples douleurs au réveil, une sensation de tension dans la mâchoire, ou même des dents qui s’usent sans raison apparente. D’autres fois, c’est le compagnon ou la compagne qui remarque un bruit de grincement anormal pendant la nuit. Le bruxisme nocturne reste pourtant souvent méconnu, alors qu’il peut affecter la qualité de vie de manière silencieuse mais persistante.

Je suis le Dr Solène Vo Quang, stomatologue à Paris, spécialisée notamment dans les troubles de la mâchoire, les douleurs orofaciales et les pathologies du sommeil comme le bruxisme. Depuis mon cabinet du 36 rue Lepic, dans le 18e arrondissement, j’accompagne de nombreux patients confrontés à ce trouble nocturne, parfois sans en avoir conscience.
Qu’est-ce que le bruxisme nocturne ?
Définition clinique et manifestations
Le bruxisme nocturne est un trouble moteur involontaire qui se manifeste pendant le sommeil. Il se traduit soit par le grincement des dents, avec un frottement perceptible, soit par un serrement puissant et prolongé de la mâchoire.
Ces mouvements sur les dents ne dépendent pas de votre volonté et peuvent survenir de manière très régulière, ou au contraire par épisodes isolés. Le plus souvent, ils passent inaperçus par le patient lui-même, mais peuvent entraîner des dommages significatifs à long terme.
Différences entre bruxisme diurne et nocturne
Il existe également un bruxisme dit diurne, qui se manifeste au cours de la journée. Ce dernier est davantage associé à une attitude consciente ou semi-inconsciente, souvent en réponse au stress ou à une activité de concentration intense.
Le bruxisme nocturne, lui, se produit pendant les phases de sommeil léger ou paradoxal, et n'est pas contrôlable. Sa répétition, nuit après nuit, peut entraîner une fatigue musculaire importante ou une sensibilité dentaire sans que l'on ne comprenne l'origine du problème.
Les symptômes typiques du bruxisme nocturne
Signes physiques : dents, mâchoires, sommeil perturbé
Ce que je constate souvent lors des consultations, ce sont des signes visibles comme une usure prématurée de l’émail, des fissures ou des dents qui deviennent sensibles. Le serrement répété des mâchoires provoque aussi une tension musculaire, parfois accompagnée de claquements ou blocages de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM).
Certains patients rapportent un sommeil agité, non réparateur, sans toujours faire le lien immédiat avec le grincement dentaire.
Symptômes subjectifs : douleurs et inconfort au réveil
Parmi les symptômes du bruxisme les plus fréquemment évoqués figurent des douleurs localisées au réveil : au niveau des tempes, des joues ou de la nuque. Il n’est pas rare que des maux de tête soient présents dès le matin, avant même d’avoir commencé la journée.
Une sensation de mâchoire « serrée », de tension persistante au niveau facial, ou une gêne à l’ouverture de la bouche peuvent aussi alerter. Ces signaux, bien qu’invisibles, sont importants à écouter et à évaluer.
Quelles sont les causes du bruxisme nocturne ?
Rôle du stress et des facteurs psychologiques
La cause exacte du bruxisme nocturne varie d’une personne à l’autre. Toutefois, le lien avec le stress chronique, l’anxiété et certaines charges émotionnelles est bien établi. Le corps « décharge » parfois, pendant le sommeil, des tensions non exprimées dans la journée.
Il s’agit d’un mécanisme adaptatif, mais qui devient pathologique quand il se répète de manière automatique et provoque des douleurs ou des lésions dentaires.
Liens avec les troubles du sommeil ou médicaments
D’autres facteurs peuvent contribuer, comme les troubles du sommeil, notamment l’apnée obstructive, ou certaines parasomnies (mouvements anormaux pendant la nuit). Dans certains cas, des traitements médicamenteux, notamment les antidépresseurs, peuvent amplifier les épisodes de grincement nocturne.
C’est pourquoi une approche personnalisée est essentielle : écouter votre vécu, évaluer les autres troubles associés et comprendre ce que traversent votre corps et votre esprit la nuit.
Le grincement nocturne est souvent invisible, mais ses effets sur les dents et le sommeil peuvent être tangibles et durables si l’on ne l’explore pas sérieusement.
Comment diagnostiquer le bruxisme du sommeil ?
Examen clinique et outils complémentaires
Le diagnostic repose d’abord sur un examen attentif de votre bouche, des dents et des muscles. Je recherche des traces d’usure, une sensibilité à la palpation des muscles, ou d’éventuels claquements articulaires.
En complément, un électromyogramme nocturne (enregistrement de l’activité musculaire) ou une polysomnographie (enregistrement en centre du sommeil) peut parfois être proposé dans des situations complexes ou comorbides.
Importance des témoignages du patient ou du partenaire
Souvent, ce sont les proches qui éveillent les soupçons. Le partenaire entend un grincement fort pendant la nuit ou remarque des crispations visibles. Ces observations sont précieuses, car elles permettent de confirmer un épisode de bruxisme nocturne sans avoir à attendre des signes cliniques déjà avancés.
Pour cela, je vous invite à noter ce que vous ressentez au réveil, ce que vos proches vous rapportent, ou même à enregistrer certains sons nocturnes quand cela est possible. Cela alimente une évaluation plus complète.
Les risques liés à un bruxisme non traité
Usure des dents et troubles occlusaux
Le risque principal, à long terme, est l’abrasion progressive des dents. Cela conduit à une perte de matière dentaire, qui peut devenir irréversible, avec apparition de sensibilités, ou parfois de fissures profondes nécessitant des restaurations complexes.
Dans certains cas, cela modifie aussi l’occlusion, c’est-à-dire le positionnement naturel des dents, avec des répercussions sur la posture mandibulaire.
Douleurs chroniques et fatigue musculaire
Outre les dégâts sur les dents, le bruxisme peut fatiguer les muscles du visage et du cou, entraînant des douleurs chroniques, des contractures, voire des céphalées de tension persistantes. Cette gêne, sourde mais constante, altère le bien-être général, même en dehors du sommeil.
C’est pourquoi je préfère intervenir dès les premiers signes évocateurs, avant que les conséquences ne s’installent durablement.
Solutions efficaces contre le bruxisme nocturne
Gouttières dentaires et orthèses personnalisées
En première intention, je prescris souvent une gouttière occlusale sur mesure. Elle est réalisée après une prise d’empreinte précise et adaptée à votre occlusion. Le but est double : protéger la surface des dents et soulager les muscles en évitant les contractions excessives.
Certains dispositifs sont aussi conçus pour repositionner légèrement la mâchoire, en particulier quand le bruxisme est associé à un trouble du sommeil comme l’apnée.
Médicaments et injections de toxine botulique
Dans des cas plus rebelles, ou quand les douleurs musculaires deviennent invalidantes, des traitements complémentaires peuvent être envisagés. Les injections de toxine botulique, notamment, permettent de relâcher temporairement les muscles trop sollicités, avec un effet souvent notable dans les semaines qui suivent.
Mais ces options nécessitent une évaluation rigoureuse, car elles ne conviennent pas à tous les profils. L’indication doit être posée dans un cadre médical bien défini.
Prévenir et mieux vivre avec le bruxisme du sommeil
Améliorer l’hygiène de sommeil et réduire le stress
Je recommande souvent à mes patients d’ancrer des rituels simples mais réguliers avant le coucher : éviter les excitants, éteindre les écrans au moins 30 minutes avant le sommeil, utiliser des ambiances calmes et tamisées.
La gestion du stress est elle aussi cruciale : relaxation guidée, cohérence cardiaque, ou parfois un accompagnement psychologique peuvent aider à apaiser les tensions accumulées dans la journée.
Thérapies comportementales et biofeedback
Dans certaines situations, des thérapies cognitives ou comportementales ciblées permettent de modifier les schémas inconscients qui provoquent le serrement des dents. Le biofeedback, un outil qui vous apprend à reconnaître et relâcher les tensions, peut aussi être utile.
Ces approches sont non invasives et visent à vous rendre acteur de votre propre équilibre musculaire et mental.
Suivi post-traitement et gestion des rechutes
Rythme des contrôles et ajustement des dispositifs
Une gouttière ne se garde pas « à vie » sans adaptation. Je prévois en général un premier contrôle après quelques semaines, puis un suivi régulier tous les 6 à 12 mois selon votre situation.
Avec le temps, la forme de la mâchoire peut évoluer, ou les symptômes réapparaître. Un ajustement ou une nouvelle empreinte peuvent alors s’imposer.
Reconnaître les signes de rechute ou de progrès
Si vous recommencez à ressentir des tensions matinales, si votre partenaire entend à nouveau des grincements, ou si des douleurs reviennent, il est important de consulter. À l’inverse, la disparition progressive de ces signes est un indicateur positif.
Vous restez alors acteur de votre santé, avec un regard attentif porté sur vos ressentis corporels.
Conclusion
Le bruxisme nocturne est un trouble discret, mais aux effets très concrets quand il n’est pas pris en charge. Je suis convaincue qu’une approche rigoureuse et personnalisée, combinée à des outils adaptés et une écoute attentive, permet d’en limiter les effets.
Améliorer le sommeil, protéger vos dents, réduire les tensions musculaires : ce sont autant d’objectifs que nous pouvons atteindre, ensemble, à votre rythme. Alors, quelle attention portez-vous à ces petits signes que votre corps vous envoie pendant la nuit ?
La chirurgie au service du patient à Paris

Je suis Dr Solène Vo Quang.
J’explore chaque jour ce que l’IA peut apporter au soin… sans jamais oublier que la relation reste notre premier outil thérapeutique.
Je vous accompagne avec rigueur et transparence.
FAQ —
Bruxisme nocturne
On répond à vos questions
Le bruxisme nocturne touche-t-il aussi les enfants et adolescents ?
Oui, parfois dès l’enfance. Il peut être transitoire ou lié au développement, mais mérite une surveillance attentive s’il devient régulier.
Peut-on objectiver la sévérité du bruxisme nocturne sans polysomnographie ?
Certains dispositifs dentairement portés aident à estimer la fréquence et l’intensité, mais ils complètent, sans remplacer, une évaluation clinique soignée.
Le bruxisme nocturne peut-il aggraver d’autres troubles de l’articulation temporo-mandibulaire ?
Il peut majorer certaines douleurs ou désordres articulaires, surtout s’il coexiste avec des contraintes mécaniques ou un stress chronique.
Une disparition spontanée du bruxisme nocturne est-elle possible ?
Cela arrive, notamment chez les jeunes ou en lien avec une amélioration du sommeil ou du stress. Mais un suivi reste opportun dans bien des cas.
