Pourquoi enlever les dents de sagesse ou les conserver ?

Je suis le Dr Solène Vo Quang, stomatologue à Paris au 36 rue Lepic, où je pratique la médecine et la chirurgie de la bouche. Les dents de sagesse font partie des motifs fréquents pour lesquels mes patients me consultent, entre décisions à prendre, examens à interpréter et options à discuter calmement.

Mon approche est toujours individualisée, fondée sur une évaluation rigoureuse du contexte dentaire, médical, mais aussi personnel de chacun. Vous trouverez ici les grandes lignes qui peuvent guider votre réflexion sur ce sujet parfois délicat.

Qu’est-ce que les dents de sagesse et à quoi servent-elles ?

Définition et rôle des dents de sagesse

Les dents de sagesse, aussi nommées troisièmes molaires, sont les dernières dents à faire leur éruption dans la bouche, souvent entre 17 et 25 ans. On en compte généralement quatre, à l’arrière de chaque arcade dentaire.

Sur le plan anatomique, ce sont des molaires comme les autres, conçues pour mastiquer les aliments. Leur rôle était probablement plus important à une époque où notre alimentation était plus fibreuse et nécessitait une mastication prolongée et puissante.

Pourquoi elles ne sont plus toujours utiles

Avec le temps, notre alimentation s’est transformée, devenant plus souple et moins exigeante pour la mâchoire. En parallèle, la taille moyenne des mâchoires humaines a diminué en raison de cette évolution alimentaire et fonctionnelle.

Résultat : ces dents de sagesse trouvent souvent peu, voire pas de place pour sortir correctement. Cela leur confère aujourd’hui un statut ambigu, parfois utile, mais souvent problématique.

Pourquoi enlever les dents de sagesse : indications les plus fréquentes

Manque d’espace et troubles orthodontiques

L’une des situations les plus fréquentes où j’envisage avec mes patients une extraction est le manque de place. Lorsque les dents de sagesse tentent de sortir dans une arcade déjà saturée, elles peuvent exercer une pression sur les molaires voisines.

Cette pression peut entraîner un déplacement dentaire, parfois visible sur l’alignement ou ressenti sous forme de gêne. Chez certains adolescents ou jeunes adultes ayant porté un appareil, ce déplacement peut compromettre les effets du traitement orthodontique passé.

Infection, douleurs et inflammation

Lorsque les dents de sagesse ne parviennent à sortir qu’en partie, elles créent une zone difficile à nettoyer, propice au développement de bactéries. Cela peut entraîner des infections locales — la plus fréquente étant la péricoronarite, une inflammation douloureuse des tissus autour de la dent.

Les patients rapportent alors des douleurs, des gonflements, parfois de la fièvre, ou une difficulté à ouvrir la bouche. Dans ces cas, l’extraction devient non seulement logique mais souvent nécessaire pour éviter des complications plus graves.

Pourquoi ne pas enlever les dents de sagesse dans certains cas

Quand les dents sont bien positionnées et fonctionnelles

Certaines dents de sagesse sortent de façon parfaitement alignée, sans gêner les autres dents, et peuvent être nettoyées correctement. Lorsqu’elles sont saines, fonctionnelles et bien intégrées dans l’arcade, il n’y a pas de raison systématique de les extraire.

Dans ma pratique, je privilégie alors une surveillance régulière, avec radiographies si nécessaire, pour m’assurer qu’elles restent stables dans le temps.

Les risques liés à l’extraction préventive

Extraire une dent reste une intervention chirurgicale, même si elle est souvent bénigne. Comme toute chirurgie, elle comporte des risques : douleur, infection, saignement ou, plus rarement, atteinte d'un nerf.

Quand l’extraction est faite à titre préventif, donc sans symptôme ou pathologie, ces risques sont à mettre en balance avec les bénéfices attendus. C’est pourquoi il est essentiel de ne pas généraliser cette décision, mais de l’adapter au contexte de chacun.

Les risques si les dents de sagesse ne sont pas extraites à temps

Dommages aux dents adjacentes, kystes et infections

Laisser une dent de sagesse problématique évoluer sans intervention peut exposer à des effets sur les dents voisines. Elle peut provoquer une résorption de la racine de la deuxième molaire, l’apparition de caries, ou encore favoriser la formation de kystes autour de sa couronne.

Ces kystes, bien que souvent bénins, peuvent parfois provoquer une perte osseuse locale qu’il faudra gérer ensuite. C’est là que la surveillance joue un rôle central.

L’importance du suivi et des examens réguliers

Même une dent de sagesse qui ne fait pas parler d’elle peut poser problème avec le temps. Une radiographie panoramique permet souvent d'anticiper une inclusion, un axe problématique ou un contact avec une structure nerveuse.

Dans ma pratique, je recommande souvent un examen radiologique à l’adolescence pour guider sereinement les décisions à venir.

En cas d’axes défavorables ou de signes avant-coureurs, discuter calmement de l’intérêt d’une extraction à ce moment-là peut éviter des complications futures.

Quels sont les risques liés à l’extraction des dents de sagesse

Douleurs, gonflements et alvéolites post-opératoires

Le plus souvent, les suites opératoires sont modérées : douleur contrôlée par les antalgiques prescrits, léger gonflement, gêne à l’ouverture de la bouche. L’alvéolite, une complication limitée mais désagréable, peut survenir si le caillot de sang se déloge après l’intervention.

Elle se manifeste par une douleur forte quelques jours après l’intervention. Elle se traite efficacement mais nécessite parfois une visite de contrôle au cabinet.

Lésions nerveuses et complications plus rares

Dans de rares cas, l’extraction peut provoquer une blessure d’un nerf proche, comme le nerf alvéolaire inférieur. Cela peut entraîner une perte temporaire ou, exceptionnellement, durable de la sensibilité d’une partie de la lèvre ou du menton.

C’est pourquoi je m’appuie systématiquement sur des examens d’imagerie complets avant toute extraction, pour localiser précisément les structures à risque.

Comment décider : enlever ou conserver ses dents de sagesse ?

Les critères médicaux à évaluer avec son dentiste

Chaque patient est unique. La décision d’une avulsion repose sur plusieurs paramètres : présence ou non de douleurs, d’infections répétées, position de la dent, âge du patient, et tolérance au risque chirurgical.

Une discussion ouverte, appuyée par des données cliniques précises, permet souvent de choisir avec justesse le bon moment, ou au contraire, de confirmer qu’aucune intervention n’est aujourd’hui nécessaire.

L’apport essentiel de l’imagerie dentaire

L’imagerie joue un rôle central. Une radiographie panoramique donne une vue d’ensemble très utile, tandis qu’un scanner 3D offre parfois des informations plus détaillées, notamment sur la proximité d’un nerf ou la forme précise des racines.

Je recours fréquemment à ces outils pour orienter la décision de manière la plus éclairée et la plus sécurisée possible.

Ce qu’il faut savoir sur l’extraction et la récupération post-opératoire

Déroulement de l’intervention chirurgicale

L’extraction est réalisée sous anesthésie locale. Selon la position de la dent, elle peut être simple ou nécessiter une petite ouverture de la gencive. La durée et la complexité varient en fonction de l'inclusion et du nombre de dents concernées.

Dans la majorité des cas, l’intervention est rapide et bien tolérée. Le malade repart le jour même, avec des consignes postopératoires claires et un suivi prévu.

Les bonnes pratiques pour bien récupérer

Pendant les jours qui suivent, je conseille à mes patients d’éviter les aliments durs ou trop chauds, de maintenir une hygiène bucco-dentaire adaptée sans brosser la zone opérée immédiatement, et de respecter scrupuleusement le traitement prescrit.

En cas de douleur intense persistante, de fièvre ou d’un gonflement important, une consultation rapide me permet de vérifier qu’aucune complication ne s’installe.

L’impact de l’extraction sur l’orthodontie

Prévenir les récidives après traitement

Il arrive que des dents de sagesse en poussée influencent, même faiblement, la stabilité d’un traitement orthodontique terminé quelques années plus tôt. Ce n’est pas toujours le cas, mais c’est un point que j’aborde souvent avec les patients concernés.

Une évaluation précise permet alors d’anticiper un éventuel déplacement dentaire et de poser la question d’un retrait précoce.

Créer de l’espace pour l’alignement

Dans certains traitements orthodontiques, notamment en cas de mâchoires petites ou de dents groupées, l’extraction planifiée des dents de sagesse aide à libérer de l’espace pour un bon alignement.

La décision se prend alors en coordination étroite avec l’orthodontiste, pour intégrer cette étape dans une stratégie globale de traitement.

En définitive, enlever ou non les dents de sagesse ne relève ni d’une règle automatique, ni d'une réponse unique. C’est un dialogue, appuyé par l’examen clinique, l’imagerie et votre situation personnelle.

Mon rôle, en tant que stomatologue, est de vous accompagner dans cette décision, à votre rythme, en posant les bonnes questions et en mettant votre santé au cœur de chaque choix.

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